Par Jonathan Léger Raymond
En 2011, nous recevions au Québec la visite d’un botaniste et herboriste connu, fort de trois décennies d’expérience avec les plantes: Christopher Hobbs. J’ai eu la chance de suivre sa formation fascinante sur les champignons médicinaux et vous livre ici un petit compte-rendu des faits saillants de cette conférence qui a été organisée par la Guilde des herboristes du Québec.
Le règne des fungi
Lors de la conférence, Mr. Hobbs m’a paru érudit et son débit était facile à suivre. Il s’est également montré sensible aux aspects plus subtils et moins et académiques de l’herboristerie. En l’écoutant, je constate une fois de plus l’ampleur des interconnections entre les règnes vivants qui ne cessent de m’épater.
Ainsi, je fus étonné d’apprendre que la génétique d’un champignon est beaucoup plus proche de celle d’un animal que de celle d’une plante. Les champignons forment un règne botanique différent des végétaux, tout en coexistant en symbiose avec eux. Les champignons prolifèrent entre les racines les plus fines, sur l’écorce ou dans les épines et remplissent diverses fonctions en synergie avec la plante : nutrition, protection, etc.
Les champignons extraient de leur environnement des composés organiques déjà formés par les végétaux ou d’autres organismes. Un peu à la manière des animaux, ils « s’alimentent » soit en décomposant de la matière morte (on les nomme alors saprophytes), soit en parasitant des organismes vivants ou alors en formant une symbiose avec un organisme chlorophyllien.
Aspects nutritionnels
Les champignons sont étonnamment riches en fibres (insolubles et solubles) ainsi qu’en vitamines et minéraux. Entre autres, ils sont une source abondante d’oligo-éléments et de vitamines du complexe B. Leur contenu élevé en acides aminés en font une source non-négligeable de protéines, surtout chez la famille des pleurotes.
Les champignons en général aident à régulariser la glycémie et la cholestérolémie grâce à leur fibres et probablement aussi en raison de leur action adaptogène qui harmonise les fonctions vitales.
Quelques champignons vedettes
Lentinus edodes : Le shiitake est un aliment commun dans la cuisine japonaise qui fortifie peu à peu le système immunitaire, tout en modérant les réactions allergiques. Il combat efficacement les virus, soigne les ulcères et protège contre les effets néfastes des toxines et des radiations.
Pleurotes ostreatus : La pleurote en forme d’huître, tout comme ses congénères, est extrêmement riche en protéines – presque 3.5 g par 100 g! De plus, les pleurotes sont parmi les champignons les plus digestes. C’est aussi le champignon de choix à consommer pour réduire la cholestérolémie.
Trametes versicolor : Le polypore versicolor, « Turkey’s tail » en anglais, est un champignon coloré très courant dans les forêts québécoises. Il réduit la cholestérolémie et travaille au niveau de l’immunité, contre le cancer et les infections virales. On peut non seulement le combiner avec les antibiotiques, il en accroît de plus l’efficacité.
Ganoderma lucidum : Consacré roi de la médecine chinoise, le reishi calme et éclairci sensiblement l’esprit. Ce modulateur immunitaire hors-pair travaille sur les allergies et les maladies auto-immunes tout en fortifiant les défenses de l’organisme. Profondément équilibrant, le reishi harmonise les fonctions endocriniennes tout en protégeant le foie des toxines et des radiations. On retrouve quelques espèces de reishi dans les forêts québécoises.
Cordyceps sinensis : Comme le cordyceps fructifie sur des insectes vivants, les Chinois achètent des boîtes de larves à moitié dévorées par ce champignon fort prisé ! Il fortifie l’énergie vitale et améliore les performances sportives, comme le savent bien les athlètes russes et chinois. Les occidentaux le préfèrent en capsules…
Inonotus obliquus : On peut dire que la popularité du chaga a explosé ces dernières années. On retrouve ce champignon en abondance sur les arbres endommagés de nos forêts, dont il recouvre les blessures telle une cicatrice aux apparences de masse cancéreuse. Justement, le chaga s’avère être très puissant pour lutter contre les tumeurs et figure d’ailleurs dans de nombreuses études russes à ce sujet.